samedi 20 août 2011

Chronique #1: Arrivée, installation, attente et plein-air.

Le village de Salluit, au Nunavik, est probablement parmi les plus beaux endroits que nous ayons visités.  Assis au creux d'une vallée qui fait face à un fjord menant au détroit d'Hudson, le village semble encerclé de montagnes.  L'absence de tout repère de distance autre que les poteaux électriques nous empêche de prendre conscience de l'étendue du paysage.  Ce qui paraît relativement près peut très bien être en réalité à plusieurs minutes de marche. Ceci est particulièrement vrai en montagne.  Peu importe le flanc de colline choisi, le sommet en semble toujours plus près qu'en réalité.

Une fois toute la famille réunie, nous nous sommes affairés à organiser la maison de façon à ce que nous puissions croire que nous y avions toujours vécu.  Pas question de fouiller dans les bacs ou les boîtes pendant toute l'année.  C'était un gros coup à donner, mais dès notre première soirée, l'ensemble du contenu des boîtes que nous avions reçues était rangéNous nous pensions parfaitement installés quand les petits manques et oublis se sont manifestés: nous avons la télévision et des films, mais pas de lecteur encore; nous avons des téléphones, mais pas de ligne téléphonique; Mathieu attendais désespérément le reste de ses vêtements tout comme Amandine qui espérait recevoir des sous-vêtements supplémentaires...  Cette attente a duré près d'une semaine.  Alors, le salon et la cuisine ont de nouveau été envahis par des bacs et des boîtes et nous avons encore une fois tout rangé pour que rien ne paraisse.  Maintenant ça y est.  Nous sommes installés.

Puisque l'hiver arrive pour tout le monde dans l'hémisphère Nord au jour du solstice, mais qu'ici la neige peut se manifester dès la fin de septembre, nous tâchons de profiter de l'extérieur au maximum.  Nous habitons au bord de la rivière qui coule au pied de la montagne.  Tous les jours nous enfilons nos bottes afin d'aller "flacotter" dans l'eau peu profonde (malgré tout, Sacha a tout de même trouver l'endroit où l'eau pouvait s'infiltrer à l'intérieur de ses bottes aujourd'hui, hi! hi!)Nous prenons le temps d'observer le paysage qui s'offre à nous.  Les enfants veulent toujours monter, toujours plus haut.  Quelques fois, il faut leur rappeler les consignes de sécurité élémentaires.  L'immensité les rend immensément heureux.  

Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas atteint le sommet de la-dite montagne.  Pour les observateurs, nous devons avoir l'air de ceux qui se préparent à affronter le sommet de l'Everest: chaque jour nous montons un peu plus haut que la veille, comme si nous devions habituer nos corps à l'altitude et à la rareté de l'oxygène.  

Cette semaine, nous sommes allés à la pêche avec notre ami.  C'est le temps d'aller ramasser le plus possible de poissons (de l'omble de l'Arctique) avant qu'ils ne se fassent plus rares.  Nous sommes donc partis, avant la marée haute, installer les filets.  Les enfants sont descendus sur la grève et ont pu observer des moules et autres mollusques qui peuplent le fond du fjord Sugluk.  Puis l'eau s'est mise à monter et les poissons se sont manifestés dans les filets.  Nous avons pu assister à cette activité dans un site d'une beauté sauvage et majestueuse grâce à la générosité de cet ami exceptionnel.  Sur le chemin du retour, nous avons côtoyé au moins un phoque.  J'ai été surpris de voir notre conducteur passer par-dessus une occasion de chasser l'animal.





Aujourd'hui, les enfants ont eu l'occasion de faire la traversée de la rivière au moyen d'une tyrolienne. Cette activité était organisée par des gens qui font le tour des 14 communautés du Nunavik et qui passent une semaine à occuper les jeunes par des randonnées de vélo, du kayak, du skateboard et la fameuse tyrolienne.  Léa et Amandine ont pu franchir la rivière en tandem alors que Sacha l'a fait seul.  Tous étaient très fiers de leur exploit.

Pour le moment, le temps n'a pas d'emprise sur nous.  Nous vivons le moment et en tirons le maximum de satisfaction.  Bien sûr, il faut s'ajuster à une nouvelle réalité: les amis sont moins présents qu'au Sud.  La distance et l'éloignement jettent une ombre passagère sur l'humeur des enfants.  Mais règle générale tous s'adaptent assez bien.  J'ai même entendu dire que l'an prochain, la tyrolienne serait de retour et qu'on pourrait y participer encore une fois.  Comme quoi une fois rendus, on trouve toujours son chez-soi et on y est bien.

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