samedi 21 avril 2012

Chronique #35-A : Addenda


Ce soir, nous sommes sortis promener les chiens dans le village...  Atsaniq et Sikuk ont déambulés à nos côtés bien tranquillement jusqu'à ce qu'une petit fille nous interpelle de l'autre côté de la rue pour nous dire que nous avions "son" chien...  Elle s'appelait en fait Lady...  Après vérifications, cela faisait bien trois jours que sa petite chienne n'était pas rentrée à la maison...  Atsaniq/Lady semblait heureuse de revoir la fillette...  La seule bonne chose à faire était de lui remettre notre jolie petite boule de poils.  En ce moment, nous avons tous un peu le coeur gros, même Sikuk est "piteux" dans le salon!  J'espère que ses propriétaires prendront bien soin d'elle!?  C'est une bête douce et intelligente qui ne demandait rien de plus que des caresses et de l'affection!  J'ai appris ma leçon : JE NE VEUX PLUS DE CHIENS!!!  Celui qui vit sous mon toît en ce moment est suffisant!  Sedna et Fantôme, qui sont à l'extérieur, me rendent bienheureuse...  Je ne veux plus avoir à me séparer d'un autre animal! :(









Merci ma belle Atsaniq pour les beaux souvenirs!  Tu es adorable!

vendredi 20 avril 2012

Chronique # 35 : Petites anecdotes nordiques...

Une vie de chiens

Atsaniq et Sikuk.
Amandine, Sikuk et Atsaniq.
 Dans notre village, il y a plein de chiens et  ils sont libres la plupart du temps...  Ils chipent un poisson ici, un reste de viande là (certains habitants laissent des restants de table ou les viscères de leurs récentes prises dehors pour les nourrir), c'est ainsi qu'hier matin, je me suis retrouvée avec une petite chienne toute blanche et vraiment mignonne sur mon perron!  Nous avons choisi de l'adopter et de la baptiser Atsaniq (prononcer At-sa-ni), cela signifie : aurore boréale en inuktitut. Ces chiens donc, errent seuls ou en petits groupes et bien que plusieurs histoires d'agressivité canine circulent, je n'ai pas encore rencontré, depuis le mois d'août dernier, un seul chien menaçant...  Pourtant, les enfants et moi passons 2 à 3 heures par jour à l'extérieur, presque à tous les jours...  Nous glissons, nous patinons, nous marchons dans le village ou en montagne...  Ce ne sont pas les rencontres qui manquent!  Très souvent, en plus de Sikuk, nous avons une escorte de 2 à 4 autres chiens...  J'en suis venue à la réflexion suivante ( il peut être tentant de faire des analogies...) :  Chez les chiens comme chez les villageois, il y a toutes sortes de personnalités.  Il y a ceux qui réalisent que nous leur voulons du bien et qui nous adoptent avec joie (comme ma belle Sedna), il y a ceux qui, comme Fantôme, sont trop blessés par les expériences passées et demeurent "paralysés" par la méfiance et qui choisissent de nous observer de loin...  Il y a ceux qui nous ignorent tout simplement, ou ceux qui se disent qu'ils pourraient bien profiter de nous un peu...  Ceux-là  ne se gênent pas pour "quémander" à tous moments!  

La douceur d'une caresse.

Un vent de douceur 

"Notre" montagne qui se défait de son manteau de neige.
Maintenant que les journées rallongent (à une vitesse vraiment étonnante, on a de la difficulté à indiquer l'heure d'après le soleil et à s'habituer au rythme...), la température est beaucoup plus douce, le soleil nous remplit d'énergie, il fait fondre la neige sur les montagnes, nous apercevons le roc et le sol un peu partout derrière la maison, en direction de la rivière.  L'eau refait surface et passe par-dessus la glace à quelques endroits près de la rive.  Les amateurs de motoneige qui se rendent sur la baie doivent foncer à travers la giboulée!  Ce manège sera de plus en plus fréquent d'ici la fonte complète des glaces sur la baie, car la saison de la pêche sur la glace et de la chasse aux lagopèdes (genre de perdrix toute blanche) ne fait que commencer!  Le village se vide la fin de semaine...  Les Inuit les plus chanceux s'organisent des sorties en groupe (souvent en famille élargie) pour aller pêcher et chasser.  Ils vont dormir dans les camps qu'ils possèdent un peu partout sur les deux rives du fjord Sugluk en allant vers le détroit d'Hudson ou dans la direction opposée.  C'est doux le printemps dans le Nord, le contraste avec le temps rude des mois d'hiver est immense...  Ce sont des moments salutaires pour les habitants de l'Arctique, c'est bon à vivre et beau à voir!

La rivière encore gelée et le village.
 
Et l'école alors?

Promenade au printemps arctique.
On lâche pas!  Un dernier "blitz" avant la fin de l'année...  Notre départ pour le Sud étant fixé pour le 5 juin, nous devons nous organiser afin de boucler la boucle!  De cette façon, l'été sera consacré aux loisirs et aux amis!  Pour l'instant, chacun suit son cours.  Amandine lit de plus en plus, elle aime beaucoup un livre superbe intitulé : Les devinettes d'Henriette (Major), illustré magnifiquement par Philippe Béha.  Comme Sacha, elle s'amuse à lire des B.D. et des J'aime lire...  Leur anglais s'améliore quoiqu'ils soient tous les trois trop timides pour parler, ils comprennent de mieux en mieux.  Il faudra bientôt que Mathieu et moi apprenions l'espagnol (ou l'inuktitut!!!) afin de ne pas être compris par eux!  En maths, nous en sommes à la révision.  L'art et/ou l'activité physique sont pratiqués au quotidien depuis notre arrivée à Salluit, je crois bien que nous allons garder ces bonnes habitudes jusqu'à la fin!  La science et l'univers social ponctuent notre parcours scolaire çà et là, nous allons donc terminer l'année scolaire 2011-2012 en même temps que tout le monde et cela malgré qu'elle ait été bien différente des autres enfants québécois!  Je me permets encore de mentionner qu'au plus profond de moi, je SAIS que l'apprentissage se fait à l'école de la vie bien plus qu'à l'école "institution"...  Les aventures qu'ils ont vécues ici, LE TEMPS qu'ils ont partagé à jouer ensemble, à rêver, à imaginer, à lire, à travailler, à découvrir, à VIVRE LIBREMENT est leur véritable professeur et leur plus précieux collaborateur!  Ils ont vieilli, ils ont grandi, ils se sont affirmés, ils ont eu du plaisir et ils se sont ennuyés parfois...  Bref, ils ont eu le temps de vivre sereinement et, comme ça l'est pour nous tous, cette opportunité leur a grandement profité!  "On est tellement chanceux"  (Sacha, en se faisant cajoler sur mes genoux ce soir, a même dit :"je suis comblé!"), c'est une phrase que j'entends souvent et qui réjouit mon coeur...  C'est vrai, on est chanceux!  Chanceux d'être ensemble, d'avoir l'esprit et le coeur ouverts et d'en être conscients!  De plus en plus, dans ma vie, je me dis que pour cultiver mon bonheur et le bonheur des trois merveilleux êtres que j'ai la chance d'avoir pour enfants, rien ne vaut plus que la liberté, le temps, l'esprit d'indépendance et d'autonomie.  Il y tellement de "fausses obligations" auxquelles on se soumet les yeux fermés, sans "rouspéter", sans remise en questions...  Le même chemin n'est pas LE SEUL ET UNIQUE bon chemin pour chacun d'entre nous...  Alors, je ne sais plus qui chantait ça, mais je suis d'accord avec le refrain :" Chacun sa route, chacun son chemin/destin, passe le message à ton voisin!"  Je nous trouve privilégiés d'avoir le temps d'arrêter pour réfléchir, pour  regarder sous un autre angle les possibilités et pour imaginer d'autres avenues si nous ne sommes pas satisfaits par ce qui est offert!  Mon leitmotiv : "VIVE LE TEMPS QUE L'ON PREND POUR NOUS!"

Sacha, un enfant comblé, selon son propre aveu.

Le jour de la TERRE 

Un arrêt à la carrière de Salluit, dont certains anciens ignoraient l'existence!
Amandine pendant notre visite éducative au dépotoir municipal.
C'est aujourd'hui le 19 avril, le 22, ce sera le fameux "jour de la Terre".  Entourés que nous sommes par la nature, influencés aussi par les changements climatiques qui "apparaissent" encore plus flagrants dû à notre situation géographique, nous avons tous les cinq choisi de faire notre modeste part pour éliminer la pollution sur notre espace terrestre!  Ce soir, en famille, nous avons fait la collecte des déchets ( tristement nombreux) qui jonchaient le sol autour de notre maison, sur la rivière gelée, dans la montagne... Une B.A. finalement!   J'ai décidé que dorénavant,  lors de nos promenades quotidiennes, nous allions nous équiper d'un sac à ordures afin d'y mettre tous les déchets rencontrés et ainsi satisfaire l'écolo en moi qui s'indigne de voir tant de débris souiller un  lieu aussi remarquable!  Les enfants sont conscientisés et ils se sentent partie prenante de l'action.  Pour eux, c'est du concret, c'est vrai, ça se voit et ça veut dire quelque chose.  J'en profiterai aussi, le 22 avril, pour commencer la lecture avec eux, d'un livre écrit par le formidable Hubert Reeves, L'Univers expliqué à mes petits-enfants , c'est l'occasion idéale!  J'adore joindre l'utile à l'agréable et créer des liens entre tout ce que nous entreprenons comme activités!  C'est le moyen que j'ai trouvé afin de bâtir des souvenirs à mes trésors d'enfants et me créer du bonheur à moi aussi! 

Nous sommes allés constater sur place les effets de l'absence de recyclage au Nunavik.  

dimanche 15 avril 2012

Chronique #34 Home alone (Maman est partie en avion)

Amandine montée sur "l'iceberg" - Photo prise par une collègue, Jacinthe.
Vous avez peut-être remarqué un ralentissement dans la fréquence des publications de cette chronique. La raison est facile à trouver: Annie a dû partir au Sud pour un traitement de canal. Ce service n'était pas offert à la clinique de Salluit. Alors, pour combler un trou dans sa molaire inférieure droite et mettre un terme à une infection lancinante, nous avons conjointement convenu qu'il valait mieux qu'elle subisse le traitement nécessaire le plus tôt possible. Après un appel au bureau de notre dentiste et un courriel à mon employeur, le voyage de Pâques d'Annie était organisé. C'est donc à moi qu'incombe la tâche de relater les événements qui se sont produits pendant ces huit jours.

Les deux jours avant le départ ont été difficiles pour Amandine. Elle appréhendait la séparation et cherchait très souvent à être rassurée. Sacha, qui suivait à moitié la situation, absorbé qu'il était par ses diverses activités, avait mélangé des bouts de conversation pour se bâtir une représentation personnelle de la chose. Il avait cru entendre que ses soeurs et lui allaient rejoindre Annie à Joliette un peu plus tard. J'ai dû remettre les pendules à l'heure et expliquer que son retour à sa maison bleue ne se ferait qu'au mois de juin. Sa déception était moins grande que ce à quoi je m'attendais, ce qui en soi est plutôt une bonne chose.

Arrivée au trou d'uvviluk pour pêcher les moules
Le défi de ces huit journées était de concilier famille et travail. Heureusement, elles concordaient avec le long congé pascal. Je n'allais être absent que deux jours. Là-dessus, j'ai pris un après-midi de maladie et l'école à dû fermer parce que les réservoirs d'eaux usées n'avaient pas été vidés. J'avais convenu d'appeler à la maison pendant mes périodes de travail personnel, question d'assurer une présence morale. C'est Léa qui assumait les fonctions de chef de famille en mon absence. Dans les faits, il n'y avait pas grand chose à craindre. Ils sont vraiment autonomes. Ils s'inventent des jeux, se construisent des cabanes avec les causeuses et leurs couvertures, regardent un film ou s'amusent avec leurs jeux vidéos.

Conciliation travail famille donc. Avouons-le, je ne me suis pas souvent occupé de la planification hebdomadaire des repas. La tâche revenait le plus souvent à Annie. Le hic était de considérer que je n'avais pas le temps de préparer un repas et de manger pendant ma période de diner. Il fallait donc penser à préparer un souper en plus grande quantité et s'attendre à manger des restants le lendemain. "Qui veut du pâté chinois?" Tous, bien sûr, mais un enfant ne veut pas de maïs en grains. Un autre ne veut pas de tomate dans son club sandwich tandis qu'un autre ne veut pas de bacon. Quel casse-tête! Il me semble que depuis quelques temps, ils font plus de chichis sur la nourriture. Sauf sur les fruits et le dessert. Là, c'est unanime.

Sacha qui essaie sa moule crue.
Vendredi saint, journée de repos. Je me suis blessé au pied il y a un mois, possiblement une déchirure ligamentaire à la base de l'index du pied gauche (comment appelle-t-on cet orteil?). Depuis 2 semaines, je me balade en béquilles et je "loue" la motoneige d'une collègue pour me rendre de la maison à l'école (la mienne est hors d'usage...). J'ai reçu une prescription d'anti inflammatoires. Tout ceci pour dire que j'essaie le pied le moins longtemps possible en contact avec le sol en ce beau vendredi. On mange, on fait la vaisselle, on regarde la télé, on joue de la musique et on regarde passer les machines. La paix.

Samedi saint. Préparation des plats que nous allons apporter au brunch de Pâques organisé par la même collègue qui me prête sa motoneige. Pendant que je fais un pain et un pain aux bananes, d'autres s'en vont en excursion jusqu'à Deception Bay. Nous allons faire un tour dehors, mais c'est tout de même frustrant de penser que je pourrais aller avec les enfants au sommet de "notre" montagne en temps normal. Mon pied va mieux, j'ai fini les pilules, mais ce n'est pas encore le moment de faire le fou. Une autre journée tranquille qui se termine par la traditionnelle soirée cinéma et son pop corn.

Au tour de Léa.
Dimanche de Pâques. On se met beaux pour le brunch (pour les enfants, ça veut dire mettre du "vrai" linge plutôt que leur pyjama ou leurs déguisements), on emporte la nourriture et on se rend au lieu désigné. Nous sommes une petite vingtaine à déguster ce que chacun a apporté. Puis vient le moment que j'attendais. On organise une expédition aux moules. L'idée avait été lancée le jeudi avec la promesse de revoir les plans au brunch. Je n'en avais glissé mot aux enfants au cas où des facteurs extérieurs nous en auraient empêché.

Nous répartissons les participants sur six motoneiges et deux qamutiks puis allons nous préparer pour l'expédition. Les enfants sont impatients. Nous avons trois heures à tuer avant le départ. On ne peut aller aux moules qu'à marée basse. Cette journée-là, la marée est à son hypogée à 17h30. Le rendez-vous aura lieu à 16h.

Amandine faisant preuve d'incertitude devant l'épreuve.
Au moment dit, catastrophe! Nous ne pouvons arrimer un des qamutiks et devrons revoir le planning. Heureusement, tout est arrangé et personne n'est laissé derrière.

L'endroit de prédilection pour les moules est une polynie dans le fjord Sugluk - la baie qui fait face à Salluit. La configuration des courants à cet endroit précis empêche la glace de s'y former, et la faible profondeur de l'eau fait en sorte qu'au moment de notre arrivée il n'y a que quelques centimètres d'eau qui couvrent le fond du fjord.

Bonne à en lécher la coquille!
Une fois descendu au fond du trou d'uvviluk (techniquement, je crois que l'on devrait dire "uvviluit" au pluriel, mais *when in Rome*...), les enfants se lancent à corps perdu dans la cueillette des moules (pour autant que l'on puisse "cueillir" des moules) et bientôt nous en avons près de 5 kilos. Le tout agrémenté de photos baignées de soleil de fin d'après-midi, d'une dégustation de moules crues et d'algues. Une belle petite randonnée en motoneige, un tour de qamutik pour les enfants, une expérience visuelle et gustative nouvelle. Une journée bien remplie.

Au souper... des moules. C'est la première fois que je prépare ce mets moi-même. Je m'informe à gauche et à droite sur la façon de nettoyer les moules avant de les cuire, je sollicite mes amis Facebook pour leurs recettes, troque du vin pour de la crème. À 20h, nous sommes (affamés) et prêts à faire honneur à notre récolte. Amandine préfère du riz chinois, mais Léa et Sacha ont bien aimé les moules cuites (alors que crues, on repassera, semble-t-il), mais nature. Pas question pour eux des les prendre en sauce. De notre pêche miraculeuse, j'ai gardé l'équivalent d'une demi-livre de moules que j'ai congelées pour qu'Annie puisse aussi en profiter. Pas de gaspillage. (Note de dernière minute - avant de mettre mon récit en ligne, Annie m'a confié qu'elle passerait probablement son tour pour les moules...)

L'aspect général de la polynie à marée basse.
Lundi de Pâques. Pendant notre sortie aux moules, je n'ai pas pris les béquilles. Je sais que je ne suis pas rétabli à 100%, mais c'était beaucoup moins douloureux en soirée que lors des deux semaines où j'étais blessé mais pas assez selon le nursing pour mériter des médicaments ou des béquilles. Fort de cette constatation, je propose aux enfants d'aller glisser sur "notre" montagne. Nous enfourchons nos crazy carpets sur une pente qui a été classée extrême par le coccyx de Sacha. Deux descentes ont suffi pour achever de me déplacer les vertèbres lombaires qui avaient été épargnées par la randonnée en motoneige de la veille.

Pour mettre en contexte ce qui s'en est suivi, je dois vous informer de ceci. Depuis samedi, les enfants sont facilement à cran. Les disputes sont plus fréquentes, la mauvaise humeur les gagne plus facilement. Amandine est toujours à un cheveu de passer du côté obscur de la Force.

Mardi après-midi: à l'assaut de "l'autre" montagne.
Après la deuxième glissade, ce n'était plus Sacha qui parlait. Son coccyx avait pris possession de tout son être. C'était ma faute s'il avait fait un saut sur la piste en glissant, c'est ça, ne m'attends pas pour remonter la pente. Bon, répliquai-je, eh bien puisque c'est comme ça on rentre tous à la maison. Les causeuses ne font pas mal au coccyx, elles.

En rentrant, Léa avait choisi de ramener - sans que je le sache - une pierre de 3 kilos. En traversant la patinoire de la rivière, elle glisse à vingt pas derrière moi. C'est ma faute! Hou la! C'est moi qui menace de remettre ma démission au Conseil de Jedi. Et juste pour me faire mentir, il n'y a qu'Amandine qui est parfaitement de bonne humeur! Rassurez-vous, nous nous sommes expliqués (j'ai parlé, ils ont écouté) et la journée s'est bien terminée).

La découverte qui nous a tant fait nous questionner.
Mardi et le retour au travail. C'est le même arrangement que le jeudi précédent. J'appelle à la maison pendant ma période de travail personnel. Tout est sous contrôle. Après diner, je vais acheter de l'essence pour la motoneige avec Sacha. Quand les achats sont terminés, je retourne à l'école pour n'y trouver que le personnel. Pas d'élèves courant dans les corridors. Ikusik totalement silencieuse. J'apprends que le directeur a fermé l'école car les réservoirs d’égouts sont pleins, ce qui coupe l'eau dans toute l'école. Certains enseignants sont repartis chez-eux. J'avais déjà planifié mes cours de maths de l'après-midi avant de quitter pour le diner. Je n'ai rien à faire à l'école et il fait un temps radieux dehors. je décide à mon tour de quitter afin d'aller avec les enfants au sommet de "l'autre" montagne, celle du côté opposé à la nôtre. Bien sûr, les enfants sont enchantés de l'opportunité. D'autant plus qu'ils auront la chance - rare depuis le retour des fêtes - de faire un tour de motoneige.

Une fois rendus au sommet, ils partent tous les trois à la conquête de la crête de la montagne afin d'avoir la plus belle vue qu'il soit possible d'avoir du village. Comme on ne nous a pas livré d'eau depuis 4 jours, j'ai l'idée de les mettre au défi de me pointer les camions d'eau qui circulent dans le village. Nous en avons vu 2 en fonction, mais jamais près de notre maison.

Perdus dans l'immensité... à trois minutes du village!
Au moment de changer de poste d'observation, Sacha nous fait remarquer des lambeaux de fourrure. Tiens, des os! Regardez: un crâne! Est-ce un chien ou un loup? Tout est possible, vous savez, et c'est difficile à dire. Il y a longtemps que je n'ai dépecé un chien ou un loup... Non, un renard ce serait plus petit que ça. Les dents sont trop grosses pour un renard. Un loup ou un chien. Il faudrait vérifier. Allez, on le prend en photo. Zou! On va voir uvviluk.

Et nous changeons de lieu d'observation, traversons une petite plaine glaciaire pour nous retrouver sur une autre piton rocheux d'où nous pouvons perdre notre regard dans l'immensité au-delà de la polynie. Sacha remarque que la roche fait un drôle de son quand il la frappe comme un tambour. Un son caverneux. Vas-y, Sacha, je te filme. Eh, les enfants, et si on allait là-bas? Non, vous avez raison, et puis je commence à avoir le pied un peu fatigué. Rendez-vous à la motoneige.




Nous étions de retour à la maison une heure après être partis, la tête remplie d'images et de questions. Vérifications faites à partir d'une impressionnante bibliothèque d'images (Google), il s'agissait d'un crâne de chien. Mais Papa, qu'est-ce qui lui a fait ça? Bah! Je sais pas: un loup, des loups, d'autres chiens... Va savoir.

Il ne nous restait plus qu'à attendre le retour d'Annie, le lendemain soir, pour nous sentir complets à nouveau, enfin.
Les enfants dans le qamutik - Photo prise par une collègue, Marie-Josée.