vendredi 20 avril 2012

Chronique # 35 : Petites anecdotes nordiques...

Une vie de chiens

Atsaniq et Sikuk.
Amandine, Sikuk et Atsaniq.
 Dans notre village, il y a plein de chiens et  ils sont libres la plupart du temps...  Ils chipent un poisson ici, un reste de viande là (certains habitants laissent des restants de table ou les viscères de leurs récentes prises dehors pour les nourrir), c'est ainsi qu'hier matin, je me suis retrouvée avec une petite chienne toute blanche et vraiment mignonne sur mon perron!  Nous avons choisi de l'adopter et de la baptiser Atsaniq (prononcer At-sa-ni), cela signifie : aurore boréale en inuktitut. Ces chiens donc, errent seuls ou en petits groupes et bien que plusieurs histoires d'agressivité canine circulent, je n'ai pas encore rencontré, depuis le mois d'août dernier, un seul chien menaçant...  Pourtant, les enfants et moi passons 2 à 3 heures par jour à l'extérieur, presque à tous les jours...  Nous glissons, nous patinons, nous marchons dans le village ou en montagne...  Ce ne sont pas les rencontres qui manquent!  Très souvent, en plus de Sikuk, nous avons une escorte de 2 à 4 autres chiens...  J'en suis venue à la réflexion suivante ( il peut être tentant de faire des analogies...) :  Chez les chiens comme chez les villageois, il y a toutes sortes de personnalités.  Il y a ceux qui réalisent que nous leur voulons du bien et qui nous adoptent avec joie (comme ma belle Sedna), il y a ceux qui, comme Fantôme, sont trop blessés par les expériences passées et demeurent "paralysés" par la méfiance et qui choisissent de nous observer de loin...  Il y a ceux qui nous ignorent tout simplement, ou ceux qui se disent qu'ils pourraient bien profiter de nous un peu...  Ceux-là  ne se gênent pas pour "quémander" à tous moments!  

La douceur d'une caresse.

Un vent de douceur 

"Notre" montagne qui se défait de son manteau de neige.
Maintenant que les journées rallongent (à une vitesse vraiment étonnante, on a de la difficulté à indiquer l'heure d'après le soleil et à s'habituer au rythme...), la température est beaucoup plus douce, le soleil nous remplit d'énergie, il fait fondre la neige sur les montagnes, nous apercevons le roc et le sol un peu partout derrière la maison, en direction de la rivière.  L'eau refait surface et passe par-dessus la glace à quelques endroits près de la rive.  Les amateurs de motoneige qui se rendent sur la baie doivent foncer à travers la giboulée!  Ce manège sera de plus en plus fréquent d'ici la fonte complète des glaces sur la baie, car la saison de la pêche sur la glace et de la chasse aux lagopèdes (genre de perdrix toute blanche) ne fait que commencer!  Le village se vide la fin de semaine...  Les Inuit les plus chanceux s'organisent des sorties en groupe (souvent en famille élargie) pour aller pêcher et chasser.  Ils vont dormir dans les camps qu'ils possèdent un peu partout sur les deux rives du fjord Sugluk en allant vers le détroit d'Hudson ou dans la direction opposée.  C'est doux le printemps dans le Nord, le contraste avec le temps rude des mois d'hiver est immense...  Ce sont des moments salutaires pour les habitants de l'Arctique, c'est bon à vivre et beau à voir!

La rivière encore gelée et le village.
 
Et l'école alors?

Promenade au printemps arctique.
On lâche pas!  Un dernier "blitz" avant la fin de l'année...  Notre départ pour le Sud étant fixé pour le 5 juin, nous devons nous organiser afin de boucler la boucle!  De cette façon, l'été sera consacré aux loisirs et aux amis!  Pour l'instant, chacun suit son cours.  Amandine lit de plus en plus, elle aime beaucoup un livre superbe intitulé : Les devinettes d'Henriette (Major), illustré magnifiquement par Philippe Béha.  Comme Sacha, elle s'amuse à lire des B.D. et des J'aime lire...  Leur anglais s'améliore quoiqu'ils soient tous les trois trop timides pour parler, ils comprennent de mieux en mieux.  Il faudra bientôt que Mathieu et moi apprenions l'espagnol (ou l'inuktitut!!!) afin de ne pas être compris par eux!  En maths, nous en sommes à la révision.  L'art et/ou l'activité physique sont pratiqués au quotidien depuis notre arrivée à Salluit, je crois bien que nous allons garder ces bonnes habitudes jusqu'à la fin!  La science et l'univers social ponctuent notre parcours scolaire çà et là, nous allons donc terminer l'année scolaire 2011-2012 en même temps que tout le monde et cela malgré qu'elle ait été bien différente des autres enfants québécois!  Je me permets encore de mentionner qu'au plus profond de moi, je SAIS que l'apprentissage se fait à l'école de la vie bien plus qu'à l'école "institution"...  Les aventures qu'ils ont vécues ici, LE TEMPS qu'ils ont partagé à jouer ensemble, à rêver, à imaginer, à lire, à travailler, à découvrir, à VIVRE LIBREMENT est leur véritable professeur et leur plus précieux collaborateur!  Ils ont vieilli, ils ont grandi, ils se sont affirmés, ils ont eu du plaisir et ils se sont ennuyés parfois...  Bref, ils ont eu le temps de vivre sereinement et, comme ça l'est pour nous tous, cette opportunité leur a grandement profité!  "On est tellement chanceux"  (Sacha, en se faisant cajoler sur mes genoux ce soir, a même dit :"je suis comblé!"), c'est une phrase que j'entends souvent et qui réjouit mon coeur...  C'est vrai, on est chanceux!  Chanceux d'être ensemble, d'avoir l'esprit et le coeur ouverts et d'en être conscients!  De plus en plus, dans ma vie, je me dis que pour cultiver mon bonheur et le bonheur des trois merveilleux êtres que j'ai la chance d'avoir pour enfants, rien ne vaut plus que la liberté, le temps, l'esprit d'indépendance et d'autonomie.  Il y tellement de "fausses obligations" auxquelles on se soumet les yeux fermés, sans "rouspéter", sans remise en questions...  Le même chemin n'est pas LE SEUL ET UNIQUE bon chemin pour chacun d'entre nous...  Alors, je ne sais plus qui chantait ça, mais je suis d'accord avec le refrain :" Chacun sa route, chacun son chemin/destin, passe le message à ton voisin!"  Je nous trouve privilégiés d'avoir le temps d'arrêter pour réfléchir, pour  regarder sous un autre angle les possibilités et pour imaginer d'autres avenues si nous ne sommes pas satisfaits par ce qui est offert!  Mon leitmotiv : "VIVE LE TEMPS QUE L'ON PREND POUR NOUS!"

Sacha, un enfant comblé, selon son propre aveu.

Le jour de la TERRE 

Un arrêt à la carrière de Salluit, dont certains anciens ignoraient l'existence!
Amandine pendant notre visite éducative au dépotoir municipal.
C'est aujourd'hui le 19 avril, le 22, ce sera le fameux "jour de la Terre".  Entourés que nous sommes par la nature, influencés aussi par les changements climatiques qui "apparaissent" encore plus flagrants dû à notre situation géographique, nous avons tous les cinq choisi de faire notre modeste part pour éliminer la pollution sur notre espace terrestre!  Ce soir, en famille, nous avons fait la collecte des déchets ( tristement nombreux) qui jonchaient le sol autour de notre maison, sur la rivière gelée, dans la montagne... Une B.A. finalement!   J'ai décidé que dorénavant,  lors de nos promenades quotidiennes, nous allions nous équiper d'un sac à ordures afin d'y mettre tous les déchets rencontrés et ainsi satisfaire l'écolo en moi qui s'indigne de voir tant de débris souiller un  lieu aussi remarquable!  Les enfants sont conscientisés et ils se sentent partie prenante de l'action.  Pour eux, c'est du concret, c'est vrai, ça se voit et ça veut dire quelque chose.  J'en profiterai aussi, le 22 avril, pour commencer la lecture avec eux, d'un livre écrit par le formidable Hubert Reeves, L'Univers expliqué à mes petits-enfants , c'est l'occasion idéale!  J'adore joindre l'utile à l'agréable et créer des liens entre tout ce que nous entreprenons comme activités!  C'est le moyen que j'ai trouvé afin de bâtir des souvenirs à mes trésors d'enfants et me créer du bonheur à moi aussi! 

Nous sommes allés constater sur place les effets de l'absence de recyclage au Nunavik.  

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