lundi 6 février 2012

Chronique # 30 : Être reconnaissant...


Quand on y pense, le sentiment de reconnaissance est une sensation merveilleuse qui nous comble de l'intérieur... La ressentir est un cadeau! On en retire un grand bien-être, on est paisible, détendu, satisfait... C'est un sentiment qui en englobe plein d'autres. Il faut prendre son temps afin d'en prendre conscience, mais il arrive des moments absolument divins où on est entouré par tant de bénédictions dans la vie qu'on se sent submergé par une vague d'émotions et on ne peut que constater comme la vie est belle et pleine d'occasions pour l'apprécier. Nous avons vécu une journée de plein air dernièrement qui m'a laissée avec cette nouvelle certitude...



En effet, dimanche dernier, il faisait un soleil radieux et la température habituellement très froide en février, était plutôt douce (-10 degrés). Nous avons décidé d'entreprendre une randonnée vers la croix, au sommet d'une des montagnes derrière la maison. Nous étions allés au même endroit peu de temps après notre arrivée à Salluit (voir la chronique #5 : La leçon de la semaine). Cette fois-ci, seule Amandine voulait nous accompagner, les deux autres étant plus intéressés par le patin, la glissade et... les jeux vidéos! La nouveauté, cette fois, c'est que nous amenions les chiens avec nous. La "meute" s'est jointe à nous pour la montée. Vous pourrez voir sur les photos comme nous étions bien entourés! J'étais fascinée par l'agilité des nos compagnons, ils escaladaient avec une aisance remarquable et prenaient le temps de s'étendre pour admirer la vue et pour attendre que nous les ayions rejoints!
 
 



L'ascension n'était pas facile, la neige rendant les prises plus ardues, mais les efforts en valaient la peine, une fois rendus au sommet, notre satisfaction était grande!



La vue était à couper le souffle, le silence bienfaiteur... Qui a dit qu'être isolés était une mauvaise chose? Étendus sur un immense cap rocheux, nous avons profité du soleil et du bon temps... Mathieu et Amandine ont entrepris de refaire l'inukshuk que nous avions construit lors de notre montée précédente, le vent l'avait fait basculer, mais toutes les roches originales étaient là! Nous avons repris des photos, cette fois entourés de la blancheur immaculée de la neige... À l'horizon, on pouvait apercevoir le détroit d'Hudson... Il y avait beaucoup d'activités au village, le beau temps faisant sortir chacun de son hibernation... Des marcheurs, des pêcheurs sur leur motoneige qui se rendaient sur la baie, vers l'ouest ou l'est pour tenter leur chance! Certains traversaient la baie en direction des montagnes de l'autre côté. Elles semblent toutes proches, et pourtant, nous perdions de vue les promeneurs à un certain point... De notre promontoire, un peuple de "lilliputiens" s'affairait plusieurs mètres plus bas! Ces moments magiques sont gravés en nous, ils nous ont permis de recharger nos batteries et de nous rafraîchir l'esprit... Grâce à cette sortie, mon coeur est revenu comblé, heureux, reconnaissant!!!


C'est de là que me vient cette réflexion... Je pense qu'il s'agit là de la plus pure des sensations. Je crois sincèrement que "l'éducation" devrait porter sur l'apprentissage de belles valeurs avant tout... Je sais que c'est ce que je vais faire avec les enfants qui me sont confiés! La reconnaissance, c'est réaliser comme on a de la chance, voir le bon en toutes choses, en toutes occasions. C'est avoir la foi que le soleil reparait toujours, prendre les événements comme ils viennent et ACCEPTER ce qui EST... C'est le seul moyen d'éviter les écueils... C'est une question de confiance en soi aussi. C'est pourquoi je mise sur la valorisation des enfants. Un enfant confiant n'est pas automatiquement "parfait" (selon les critères exigés par le système scolaire en tous cas...), mais il est prêt pour la VRAIE vie! Mais, comment faire ça? Comment "enseigner" la reconnaissance? Par l'exemple, bien sûr! Comme tout le reste... J'ai déjà lu un livre qui s'intitule : " Les enfants apprennent par l'exemple", de Rachel Harris. Il est inspiré par un poème très touchant (du même nom) de Dorothy Law Nolte. C'est un message tellement simple, on sait tout cela en tant que parent, mais nos enfants sont touchés par bien plus que notre cocon familial. Il faut parfois réparer, soigner, consoler des torts faits à nos petits trésors. Heureusement, les parents demeurent LA plus grande influence dans l'éducation des enfants, du moins jusqu'à ce que ces derniers prennent les guides et mènent leur vie à leur guise. Nous voilà donc de retour à la case départ, il est important, essentiel même, que nos jeunes soient bien préparés, "équipés" pour affronter leur avenir, le bâtir et, tout au long du chemin, être reconnaissants pour les opportunités, les rencontres marquantes ou anodines (qui servent aussi à quelque chose). C'est un procédé qui vient sans manuel d'instructions, il faut y aller avec son intuition, sa sincérité et tout son coeur! Ce n'est pas facile tous les jours, lorsque la personne a été blessée et reste sensible ou méfiante (c'est le cas de Sacha...) Il faut abolir le blâme, se mettre à la place de l'autre pour tenter de le comprendre mieux. C'est un processus long, tellement fragile... Il faut travailler pour être cohérent, juste et garder l'espoir que l'équilibre et la confiance reviendront. La reconnaissance m'aide à voir les progrès, l'évolution, l'amélioration de fiston. Une blessure d'estime personnelle est grave et douloureuse... Ce n'est pas à prendre à la légère! Si vous êtes de ceux qui peuvent influencer les jeunes, de grâce, soyez vigilant et respectueux... Ils en seront reconnaissants! ;)

La semaine dernière, à la radio locale, des parents du village sont allés critiquer les enseignants (lire "qalunat", les étrangers...) en disant qu' ils étaient les responsables si les jeunes n'étaient pas très motivés... Bien que je ne sois pas concernée directement par ces commentaires, la "prof" en moi s'est sentie blessée et la gratuité de ces accusations m'a semblé bien perverse... C'est ça aussi le Nord... Le choc des cultures... Je comprends la frustration des parents qui, eux-mêmes prisonniers de leur village, peu instruits, peu motivés, souhaitent faire porter le blâme aux étrangers, mais ce n'est qu'une autre manifestation du manque de maturité d'une grande majorité d'individus dans ce peuple qui, s'il était laissé à lui-même, s'autodétruirait en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire... La réalité de la vie ici, c'est que l'abandon est partout... Oui, la motivation est faible, mais je ne pense pas que cela soit dû aux enseignants qalunat! Il paraît que quelques inuit ont parlé en faveur des "profs"... Disant que le manque de motivation partait de la maison... C'est trop facile de tout laisser aux autres... Il FAUT se prendre en main comme personne, comme communauté, comme peuple! Et si le début de la guérison c'était de regarder ce que l'on possède, d'en être fier, et de bâtir en misant sur ce que l'on a. Finalement, d'être reconnaissant pour les forces qu'on a et de travailler à mériter toujours davantage...





De notre côté, nous poursuivons nos créations... C'est avec joie que je vous les présente. Il y a un super projet avec de la peinture, un bloc de bois et un bout de corde... Les résultats sont fascinants et quel plaisir nous avons eu à les réaliser! Ensuite, nous avons fait des bonshommes de neige... à l'intérieur, car la neige d'ici ne s'y prête guère! Les enfants ont fait fondre des miettes de crayons de cire et cela a créé un tableau abstrait intéressant. Ils ont bien aimé se confectionner des baguettes magiques, à partir de baguettes chinoises en bois pour jouer à Harry Potter.  Ils ont même dessiné d'autres modèles de baguettes lorsque les dernières ont été peintes afin de faire un catalogue...

 





Ils souhaitaient tripoter de la pâte à sel, alors nous en avons fait une recette! Léa à joint l'utile à l'agréable en reproduisant un umiak, un canot "autobus" qu'utilisaient les Inuit (elle a vu ça avec Mathieu dans son cours d'histoire...) J'ai commencé un cahier de techniques pour chaque sorte de crayon avec lesquels ils jouent (travaillent) le plus souvent. Dans quelques jours, ma mère enverra des boîtes remplies de matériaux, des "munitions" afin qu'on puisse poursuivre nos créations et, entre autres, leur propre cahier de techniques. Ce sera, en soi, un travail d'art, mais par la suite, une référence qui pourra les inspirer lors de leurs futurs travaux. J'espère qu'ils auront autant de plaisir à les faire que j'en ai eu! En ce moment, Léa s'amuse bien à créer des bijoux, à gérer son "pet shop" virtuel sur le IPod et à lire (évidemment!), elle se pratique à patiner, à écrire toutes sortes de textes... Ébauches d'histoires, de poèmes, de scénarios... Bref, elle est toujours occupée et sa vie est stimulante! Sacha est obsédé par tous les gadgets électroniques... "What's new?" :) Il aime beaucoup le patin, la glissade, sortir avec les chiens, s'inventer des aventures de pirates, de ninjas, d'aventuriers "à la Indiana Jones" ou de maîtres Jedis... Il se pratique à écrire en lettres attachées en effaçant, avec un pinceau trempé dans l'eau, les lettres que je mets à la craie sur le tableau. Il adore ça! Amandine se pratique à lire... Elle pose des milliers de questions par jour (!) et joue avec des jeux de société, avec ses poupées, elle aime bien les sudokus et le dessin libre. Elle aussi s'invente plein d'histoires où les princesses se battent à l'épée laser ou rencontrent des dragons... Pas très conventionnels comme dénouements, mais ça lui ressemble!


Je me surprends à aimer autant que Sikuk les sorties quotidiennes que l'on fait ensemble... Pour une race de chiens qui a comme principale caractéristique d'aimer tirer un traîneau, ce n'est pas facile d'apprendre à marcher "au pied"! Mais avec plein de patience, de bonne volonté et une bonne dose d'amour, j'en viendrai à bout! Je termine cette chronique comme je l'ai commencé... Le coeur rempli d'allégresse et de reconnaissance. Je me considère tellement comblée par la vie que je mène, celle que j'ai choisie pour mes enfants... Je vous offre le fameux poème de Dorothy Law Nolte. Bonne lecture!

Les enfants apprennent par l'exemple

Si un enfant vit dans la critique, il apprend à condamner.
Si un enfant vit dans l'hostilité, il apprend à être agressif.
Si un enfant vit dans la peur, il apprend à être angoissé.
Si un enfant vit dans la pitié, il apprend à s'apitoyer sur lui-même.
Si un enfant vit dans le ridicule, il apprend à être timide.
Si un enfant vit dans la jalousie, il apprend à envier.
Si un enfant vit dans la honte, il apprend à se sentir coupable.

Si un enfant vit dans l'encouragement, il apprend à avoir de l'assurance.
Si un enfant vit dans la tolérance, il apprend à être patient.
Si un enfant vit dans la louange, il apprend à apprécier.
Si un enfant vit dans l'acceptation, il apprend à aimer.
Si un enfant vit dans l'approbation, il apprend à s'accepter.
Si un enfant vit dans l'attention, il apprend qu'il est bon d'avoir un but.
Si un enfant vit dans le partage, il apprend à être généreux.
Si un enfant vit dans l'honnêteté, il apprend à être authentique.
Si un enfant vit dans l'équité, il apprend à être juste.
Si un enfant vit dans la bonté et la considération, il apprend à avoir confiance en lui et en ceux qui l'entourent.
Si un enfant vit dans la gentillesse, il apprend que le monde est un endroit où il fait bon vivre.

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