Chronique # 7 : Une question de perspective...

Loin des amis, loin des jeux habituels (et, faut-il l'avouer, en quantité exagérée...), mes enfants trouvent du plaisir à jouer avec, à peu près, n'importe quoi! Une boîte de carton vide devient un avion pour la poupée, un bateau pour les Barbies, un coffre aux trésors!  Des roches, ramassées lors de nos nombreuses randonnées en montagnes, s'accumulent dans mon salon et cette belle collection sert de casse-tête "nordique", ils font  et refont des inuksuit sans s'en lasser!  Nous avons des tapis de mousse qui, imbriqués les uns aux autres, forment des cubes...  Ils servent davantage comme niche pour Stitch (le toutou de Sacha) que pour la méditation et le Qi Gong comme devait l'être leur première utilité...  C'est ce qui m'a donné l'idée de leur offrir un jeu de pailles et de connecteurs qui permet de créer des structures hautes, courbes ou à angles droits...  Ils en sont fous!  Depuis bientôt cinq jours, ils construisent et démolissent des immeubles, des ponts, des vaisseaux de l'espace, des roues...  Ils font des essais et sont confrontés à la dure réalité de la gravité, de l'équilibre et des forces de  résistance.  Pas facile de voir s'écrouler une tour haute comme le plafond  parce que l'ambition nous a fait y déposer une figurine de Batman!  Ça travaille la patience, l'ingéniosité et le sens de l'humour!  Peut-être mon anecdote vous semble-t-elle bien banale...  Pourtant, pour moi, c'est un pur délice!  Une bénédiction!  ENFIN, mes petits loups s'intéressent à la construction!  Pour être franche, j'espérais depuis longtemps les voir jouer avec des blocs de constructions.  Je dirais même que je culpabilisais parce qu'ils ne le faisaient pas...  Je ne sais pas pourquoi, j'ai le sentiment que de se casser la tête à imaginer des structures est bon pour le développement du cerveau!  Ça oblige à regarder sous divers angles, à voir toutes les perspectives...  Pourquoi mes enfants n'avaient-ils pas d'intérêt pour les jeux LEGO ou les blocs de bois?  Je ne sais pas...  Ce que je sais cependant, c'est qu'ils ont maintenant un plaisir incroyable à bâtir et débâtir.  Ils passent des heures à échanger des idées, à planifier leur modèles, à modifier les plans et exécuter la construction!  Alors, si je regarde cette situation avec un peu de recul, je me dis que tout arrive en son temps...  Il fallait seulement garder espoir...  Ils m'ont fait une belle surprise! 

L'an dernier, quand je parlais du Grand Nord et des paysages fabuleux qu'on y voit, je me plaisais à dire que tout y est noir et blanc...  L'autre jour, pendant que nous faisions du Land Art, j'ai réalisé que j'avais tout faux...  J'ai même créé une oeuvre (très éphémère!!!  merci le vent!), qui prouve qu'ici comme ailleurs rien n'est tout noir ou tout blanc...  En changeant de perspective, on voit les nuances subtiles des couleurs, les dégradés de gris...  Pour l'environnement comme pour les gens qui peuplent ce fabuleux territoire!  Au diable les idées reçues et les présomptions...  Il y a une belle chanson de Michel Rivard qui dit :"ni tout à fait noir, ni tout à fait blanc, partout pareil en dedans..."  À vivre ici, je sais que c'est vrai!  :)  Parfois il faut regarder avec les yeux du coeur...  (mais je me retiens de vous citer Marjo et Gerry qui disent qu'ils voient la vie avec!!! Hahaha!)

Si vous le voulez bien, je resterai sur le thème de la perspective...  Chaque jour, on a le choix de voir le bon ou le mauvais côté des événements.  Ça fait aussi partie des apprentissages des enfants!  Croyez le ou non, il y a des jours où, même à faire seulement deux heures trente de travail quotidien, ils trouvent le moyen de se plaindre!   Trop long, trop difficile, trop de math, trop de français...  Ouf!  Croyez-moi, il faut être motivée et persuadée de faire la bonne chose, car ils sont intenses quand ils commencent!  Heureusement pour eux (et pour moi!), je travaille à voir les événements sous une perspective positive...  Alors, je réussis à faire cheminer tout ce petit monde à travers les aléas du quotidien de l'école à la maison.  Quand les petites frustrations sont passées et qu'ils repartent s'inventer des jeux, dessiner ou rêver pour le reste de la journée, je sais bien que j'avais raison de les motiver à terminer leur tâche, car ils sont satisfaits quand leur travail est fait. 

 

En rétrospective, je dirais que le premier mois de cette merveilleuse aventure à Salluit était des plus enrichissant!   La perspective de passer de nombreux autres moments ici me comble de bonheur!  J'espère qu'en plus des notions "scolaires" qu'ils  apprennent  cette année, mes enfants développeront un réel talent pour voir leur vie en couleurs!